Cet Ouvrage, est préfacé par André Bercoff (Journaliste-Écrivain)
présente les oeuvres picturales de Fatema Binet Ouakka
associées au poèmes de Jöel Conte |
«Si certains poètes écrivent sur un peintre comme Mohamed Bennis,
de nombreux peintres peignent en musique, d’autres se réfèrent à
des poètes, parfois explicitement dans les titres de leurs tableaux,
parfois par des citations sur la toile elle-même et je ne serai pas la
dernière à essayer de vivre la poésie qui me fut enseignée ou que j’ai
découverte car elle me donne toute une gamme d’émotions.
Les mots des poèmes qui me touchent résonnent d’abord en moi
comme des notes de musique et je vis chaque césure comme une
respiration. Avant de véhiculer des sens, les poèmes sont pour moi
de petites musiques extérieures dans lesquelles les mots se font écho,
les allitérations ou les correspondances me parlent sous le langage
apparent. C’est une autre forme d’expression, certes, mais qui m’est
néanmoins d’emblée familière.
La poésie habite mes toiles de manière évidente, non par les thèmes
qui sont les miens qu’occultent le plus souvent les couleurs, mais
par les rythmes apparents, les harmonies proposées, bien plus par
l’ouverture des sens possibles. En face de mes toiles, le spectateur
peut échapper à lui-même pour se ressourcer à l’essentiel. Il peut
se rapprocher, en découvrant d’autres possibles des êtres dans leur
diversité, ce qui est une forme de spiritualité ou de sagesse.
C’est dans ce sens que la peinture me procure une vitalité comme elle
peut me faire plonger dans les ténèbres pour m’assurer une véritable
renaissance.
C’est ainsi que la peinture peut rencontrer en elle-même et en dehors
des sujets qu’elle explore, dans sa forme même, la poésie puisque
toutes deux ouvrent à des horizons inconnus au langage ordinaire,
voire au langage lui-même combinant des mots articulés ...» |