Critiques
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Fatima BINET- OUAKKA présente “Peinture en mouvement”


Personnalité attachante, sensible, pudique, fragile d'apparence, elle cache bien sa grande force intérieure d'une artiste atypique. Fatima Binet Ouakka, d'une quarantaine d'années mêle les genres pour mieux capter son sujet, choisit la forme en fonction du projet et adapte les techniques aux besoins de la thématique.

Ses immenses tableaux composés de traits de peinture léchés de symbôles égarés en harpège de Mozart, et en griffe de Chagall, nourriture inconsidérée de sa peinture figurative, surréaliste, appaise et repose.

Comme Garouste, Solombre, Mifune, Teulet, Fatima fait partie de ces artistes qui peignent après avoir engrangé des qualités de sachante, d'intellectuelle, d'observatrice de ses contemporains des deux côtés de la Méditerranée. Après avoir analysé nos faits et gestes ces écrivains, dessinateurs, artistes peintres ou plasticiens transmettent sur leurs supports leurs ressentis, observations, et  permettent la transmission au spectateurs.
Dans ses rapports avec la toile, Fatima Binet  authentique, travaille les couleurs qu'elle tient au bout de son pinceau pour les poser spontanément là où elles doivent être.
Elle les reprend parfois pour mieux les mêler, ou après réflexion, les opposer, les juxtaposer, les confronter.

Sa virtuosité la fait jouer de façon illimitée avec ses couleurs et leurs déclinaisons, combinaisons techniques, car elle me semble être toujours en interrogation, tellement elle est perfectionniste.

Dans certaines zones peintes ces expressions artistiques sont liées à des spécificités.
Ensuite, au gré de la création elles se combinent  pour provoquer différents sortes d'effets laissant libre cours à l'imagination, curiosité de l'artiste, spiritualité qui l'habite, figuration des arts du feu et de la terre, noyé dans des nuances de bleu mises au point. Fatima Binet impose un déconditionnement au réel, elle nous offre de cesser d'identifier nos dimensions à nos limites humaines. Elle réussit finalement à nous  suggérer jusqu'où le sensible définit nos imaginations dans ce que nous sommes capables de sentir, mais en même temps nous donne l'intuition de l'esprit.
Ses oeuvres inspirées de la spiritualité orientale puisent dans un imaginaire à double facette : une éthique berbère propre à ses origines, et une grande liberté de tons, de couleurs, d'expression. Ces figures humaines très stylisées sont à découvrir en vision objective puis allégorique.

La rencontre avec Brasilier un de ses maîtres dans sa discipline et leurs confrontations d'idées  sur ses oeuvres à l'Espace des Arts Mitsukoshi Etoile fut pour moi l'apprenant la sensation d'un moment fort tellement les discussions si instructives montrent que chaque passion a son parler.
Elle avait rêvé rencontrer ce génie depuis son plus jeune âge et ceci montre que seules les montagnes ne se rencontrent jamais. Avant même de voyager dans cette exposition son travail frappe l'esprit sur deux aspects : la constance de ses sources intarissables d'inspiration, et l'usage éclatant, merveilleux, inouïe, incomparable, fete de la couleur.

Alors avec un peu d'imagination l'espace temps qu'est la toile semble suspendu : le frémissement deviné de la branche un soir d'été, les couleurs changeantes du couchant, la beauté d'une fleur à son apogée, le refus du détail inutile. Son plus cher désir serait de réaliser l'amalgame de tous les arts, de toutes les créativités qui formeraient un soleil sur les esprits de lumière, attirée par la transparence, et la recherché de la perfection de la couleur lumineuse.

Artiste au carrefour de l'art, de sa culture de citoyenne du monde, sa représentation de l'humanité consiste à peindre et à montrer les différences culturelles pour mieux les rapprocher, les unir, car chaque oeuvre inspire, encourage le respect mutuel au travers de sa tolérance.
Sa collecte participe d'une sorte de recensement de la vitalité ethnique et invite à un rapprochement des oeuples qui semblent si lointains. Son travail, sous toutes ses déclinaisons, reste un corpus inappréciable d'illustrations , qui m'ont permis de revivre des moments forts, inoubliables.
Ces moments passés à contempler ses tableaux colorés grand format restent des invitations au voyage, et à l'imagination d'autre horizons.
Serrements de coeurs, ne durent que le temps que s'envolent les mots prononcés. Serrements de coeur reviennent aux printemps quand les nuits frivolent brûlent mes pensées.
Il faut du temps pour dessiner un monde meilleur, mais grâce à ce genre d'artistes, nos enfants ont aiguisé leurs crayons de couleurs.

Libres, les hommes et femmes se reconnaissent entre eux à l'air qu'ils ont dans les yeux, ils se retrouvent par hazard, avec le coeur plein d'espoir, car les murs les plus épais n'enfermeront jamais un homme libre, qui a besoin de cette lumière.
Si tu aimes son sourire il ne faut pas le retenir, il se nourrit d'illusion, il choisit même sa prison, il revient se poser vers toi, comme un grand soleil fatigué.
Les oeuvres de Fatima Binet Ouakka constituent une illustration permanente, passionnante, et d'une technicité rare, parfaite de l'union entre les cultures et les civilisations, comme on” prend un enfant par la main, pour l'emmener vers demain, prendre en enfant par le coeur, pour soulager ses malheurs”( cf Yves Duteil)

Ne nous appesantissons pas sur le message qu'il apporte , laissons chacun peut selon sa sensibilité, entendre, imaginer, et apprécier le talent de cette  merveilleuse artiste, cette  invitation au rêve et à la méditation, tant sa peinture nous offre à coup sûr de parfaits moments d'émotion.

De toutes façons, sa production fonctionne, car elle peut la transposer dans des créations de styliste, de mode. Il est vrai qu'en matière d'art de ce niveau, tout est permis, tout est légitime, tout est sensation, dès qu'un artiste nous fait respirer dans notre monde pas toujours extraordinaire.

Le génie de ses peintures, la force de celles-ci fonctionnent et nous sommes balayés, transportés dans un véritable flux magnétique, une sensation d'émerveillement.
Combien de peintres ou de peintures sont capables de nous procurer ces gorgées de bonheur ?


Jean-Claude Santier
Rédacteur en Chef- Editorialiste
Sécrétaire Général du SJPP,UIJPLF, UJPF
Membre du Press-Club de France et de la cellule de mobilisation pour la francophonie à  la Direction Générale du Ministère des Affaires Etrangères

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